Pour la première fois de ma vie, une personne est venue me voir moi pour se confier. Elle pleure à chaudes larmes et me racontes ses angoisses.
Je ne rentrerais pas dans les détails, là n'est pas le but.
Je me dis : Ah la la, c'est pas du tout une bonne idée de compter sur moi pour te consoler. Moi je suis juste bonne pour dire des conneries pis empirer les choses...
Elle parle, se confie à moi, sans me regarder, mais ma présence était d'une importance capitale. C'est fou ce que l'écoute réconforte. Un silence très inconfortable s'ensuit. Que faire? ou plutôt... que dire?
J'avais l'impression que ce moment perturbateur allait durer toute la vie. Je lâche alors un soupir de compation, question de lui montrer que je suis là et que je suis avec elle - ce qui est d'ailleurs très vrai.
Une juxtaposition qui dit tout, un peu comme dans l'annonce de Réno-Dépôt avec Normand Brathwaite.
C'est une mission très difficile consoler quelqu'un. C'est difficile, parce que ça nécessite énormément de tactique assez complexe merci. Il faut choisir soigneusement les mots et adopter un ton précis lorsqu'on parle. Il faut avoir un regard tendre, quasiment maternel, qui procure du soulagement, qui dégage de l'affection, qui paraît sérieux, tout en demeurant zen... Et oui, tout ça en même temps!
Et que dire de la posture! Je peux quand même pas m'effoirer pendant qu'elle me parle! j'aurais l'air de totalement m'en contrefoutre! Je ne peux pas non plus rester toute droite comme s'il y avait un balais enfoncé dans le trou du derrière, ça serait trop fake! Ah la la...le body language...ça joue un rôle crucial dans une situation comme celle-ci. Je dirais, pour résumer tout ça, qu'on devrait carrément avoir l'air de Buddha!
Un faux mouvement et c'est un échec et matte.
Cette fois-ci, je ne peux plus rester muette. Il n'y a plus d'excuse, il faut que je dise de quoi...de pertinent.
Pour ceux et celles à qui ça intéresse, voici quelques mots que jai usés pendant la mission:
Mais voyons.../ dis pas ça.../ qu'est ce qui te fait penser ça/ ne prend pas ça au sérieux/ imagine si.../ tu sais c'est quoi le group mentality?/ c'est bien que tu réfléchisses c'est signe de maturité/ il y a toujours un avantage dans un désavantage/ c'est quoi pour toi un fou/ c'est qui eux pour te dire qui tu es! la psy a pas le droit de dire ce que tu dois faire ou être, même pas tes parents! y'a juste toi qui sais, mais il faut juste que t'assumes ce que tu choisis de faire/ t'inquiète pas ça va passer/ ils vont se rendre compte d'eux-même qu'ils sont caves.../ ah les jeunes d'aujourdhui! (...)
J'ai réussit à lui infliger un sourire à quelques reprises...ouf...quel soulagement!
" Peuple d'humanus, jai reussit à persuader une semblable par mes capacités intellectuelles entièrement biologiques."
Bref, selon mon expérience, je crois que lorsqu'on veut consoler une personne, il faut faire appel à notre côté réfléchi, notre gros bon sens. Un peu d'humour ne ferait pas de mal, mais seulement lorsqu'on sent que la personne va mieux. ça détend spectaculairement l'atmosphère.
Elle me dit alors merci ( et ajoute tu devrais devenir psychologue!). Ce merci-là, c'était le plus beau merci que j'ai gagné dans toute ma sainte vie. Ni plus, ni moindre!
Elle me dit ensuite qu'elle ne s'était jamais confiée autant avec qui que ce soit et moi, qui ne suis même pas de la famille ni vraiment son amie, suis son élue.
Ce soir, elle va dormir dans mon lit. Je la bercerai avec la force de ma pensée.
Wouaow...Dieu m'a enfin donné une petite soeur à moi toute seule! Ce Noël, je ne serais plus solitaire. Ce Noël, nous serions deux à gambader dans la neige blanche du parc d'en face. Ce Noël, on irait se geler le cul avec nos Crazy Carpet au Mont-Royal.
"Have yourself a merry little Christmas
let your heart be light
from now on our troubles will be out of sight"
Chère fille, je te remercie à toi de m'avoir faite confiance. J'ignorais, avant ta venue, à quel point je comprenais la vie et les êtres humains. C'est aussi la première fois que je ressens un sentiment d'accomplissement comme celui-ci, éthiquement parlant.
Sincèrement merci. Grâce à toi, je reconnais la grandeur de la personne que je suis devenue.
Et je te souhaite de trouver la voie qui te rend heureuse.
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